Quatre minutes. C’est le temps qu’il a fallu pour réaliser le plus gros braquage de tous les temps. Et ces braqueurs sont 100% lyonnais ! Entre les années 1965 et 1975, une bande d’audacieux criminels a transformé les rues de Lyon en un théâtre de chaos et de crimes crapuleux. Mené par le charismatique Edmond « Momon » Vidal, le gang des Lyonnais a gravé l’histoire criminelle de France. Une bonne trentaine de braquages, plus de 900 policiers mobilisés pour les arrêter… retour sur le gang le plus prolifique de ces dernières décennies.
Il était une fois, dans les ruelles tortueuses de Lyon, une bande de jeunes ambitieux qui allait écrire une toute nouvelle page dans l’histoire des braquages français…
« Le Docteur », « P’tit Jeannot » ou encore « Momon », ces surnoms ne te font sûrement pas peur… pourtant ils devraient. Considérés comme les principaux membres du gang des Lyonnais, ils amasseront pas moins de 11 millions de francs (l’équivalent aujourd’hui de 13 millions d’euros), et tout ça en un seul casse. On t’explique !
Qui se cache derrière ce gang ?
Pour comprendre l’origine du gang des Lyonnais, il faut se pencher sur les destins croisés de cinq individus : Jean Augé (P’tit Jeannot), Joanny Chavel (Gros Jeannot), Pierre Pourrat (Le Docteur), Nicolas Caclamanos (Nick le Grec) et Edmond Vidal (Momon). « Ce sont des personnages à forte personnalité. Déterminés et précis, ils réaliseront le hold-up parfait, digne d’un film d’action, voire même mieux. », précise Anne, guide de Lyon spécialisée dans les faits divers. D’autres membres vont finir par rejoindre le gang. Mais ce sont ces cinq individus qui sont à l’origine de tout. Et c’est Edmond Vidal qui va sceller leur destin.
Retour dans les années 1950 : le jeune Edmond vit dans la précarité. Les insultes découlant de ses origines gitanes le poussent à abandonner l’école à seulement 10 ans. Et dès son plus jeune âge, il développe un attrait pour la bagarre et la violence. Dans les quartiers de Décines, il rencontre ceux qui deviendront ses meilleurs amis et avec qui il fait régulièrement des « petits coups ».
Un braqueur en formation
A l’âge de 17 ans, il commet son premier vol… un cageot de cerises ! Pour cela, il atterrit en prison (et parce qu’il avait aussi tabassé quelques personnes sur son chemin !). En détention, il devient ami avec « Grand Boeuf », qui lui présente les criminels les plus doués de l’époque. De fil en aiguille, après plusieurs passages en prison, il rencontre les magnats de Lyon et se lance dans des casses pour « faire ses armes ». Il commence par de petits braquages, ramassant 90 000 francs.
Deux noms méritent d’être soulignés : Jean Augé, considéré comme le « parrain de Lyon », et Joanny Chavel, qui lui enseigneront tous les rouages du métier de braqueur. À leur rencontre, sa trajectoire professionnelle prendra un tournant radical. Il réussit un coup spectaculaire à Bourg-en-Bresse, amassant une somme dépassant les 150 000 francs. En 1970, le groupe, rejoint par Nick le Grec et Pierre Pourrat, se prépare intensivement pour ce qu’ils appellent la « grosse affaire ». Augé demeure en coulisses, ne s’aventurant jamais sur le terrain, mais fournissant armes et fonds.
« Momon », l’élève qui va dépasser le maître
Une fois expérimenté, Edmond Vidal va s’éloigner de ses mentors pour des raisons politiques. En effet, Augé (le parrain), est en étroite collaboration avec le SAC (Service d’Action Civique). La moitié des gains des braquages sont d’ailleurs utilisés pour financer ce groupe gaulliste. Peu intéressé par ces pouvoirs politiques, « Monmon » prend ses distances. Après avoir été formé par les meilleurs, Vidal recrute ses propres acolytes : ses meilleurs amis rencontrés à Décines et devient le chef du gang.
Avant de se faire attraper, ce nouveau gang des Lyonnais a multiplié les coups : le Carrefour de Vénissieux en 1973, les banques Société Générale de Chazelles-sur-Lyon et de Feurs, ainsi que la Banque Populaire de Chalon-sur-Saône… Ils ont aussi été les auteurs du rapt du riche héritier de la famille Mérieux, libéré contre une rançon de 20 millions de francs.
Le début de la fin
L’épopée du gang des Lyonnais prend fin en décembre 1974, lorsque la police parvient à coincer la plupart de ses membres à Lyon, à leur retour d’un braquage dans le Nord de la France
En juin 1977, seize individus comparaissent devant les assises du Rhône pour répondre de huit hold-ups commis entre février 1972 et décembre 1974. Curieusement, la date du 30 juin 1971, liée au casse du siècle à Strasbourg, n’est pas incluse dans les accusations. Bien qu’un indic ait orienté la police vers Joanny Chavel, l’un des membres du gang des Lyonnais, les enquêteurs n’ont jamais pu établir de lien avec le braquage de l’Hôtel des Postes.
Les Lyonnais se voient infliger des peines allant d’un à quinze ans de prison. Aujourd’hui, il ne subsiste aucun doute que le gang était impliqué dans le braquage de Strasbourg. Edmond Vidal, dit « Momon » le revendique dans son livre « Pour une poignée de cerises » paru en 2011.
Le casse du siècle restera impuni jusqu’à la fin des temps…