En mai 1940, l'offensive foudroyante des blindés allemands provoque bientôt la débâcle de l'armée française et l'exode des civils sur les routes. Au gouvernement Paul Reynaud succède un gouvernement Pétain, qui demande l'armistice dès le 17 juin 1940.

La convention d'armistice franco-allemande du 22 juin 1940 fixe aussi le principe de la contribution financière de la France à l'entretien des troupes d'occupation et subordonne l'économie française à l'effort de guerre du Reich : participations financières allemandes dans l'industrie, commandes imposées. Elle détermine aussi une ligne de démarcation qui sépare la zone « occupée » de la zone « libre » où siège le gouvernement Pétain, à Vichy.

Au nord, la France occupée est elle-même divisée en trois zones : la zone occupée proprement dite, la zone sous administration allemande directe, rattachée à la Belgique, et la zone annexée (Haut-Rhin, Bas-Rhin et Moselle, déjà détachés de la France, au terme de la guerre de 1870 et jusqu'en 1918). Ces trois départements, soumis à une forte pression assimilationniste, sont intégrés au IIIe Reich ; une frontière les sépare de la France. Nord et Pas-de-Calais dépendent de l'administration allemande à Bruxelles ; dans la perspective d'une « Europe nouvelle », Hitler pensait les intégrer à la Belgique pour constituer une province industrielle, tandis qu'il assignait à la France une vocation toute rurale.

Paris est le siège du haut commandement allemand, auprès duquel Vichy a accrédité un délégué général qui fut longtemps Fernand de Brinon, dévoué à la cause nazie. En outre, Paris est le siège des mouvements d'extrême droite favorables à l'Allemagne nazie : le parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat. Ces ligues pro-nazies collaborent étroitement avec l'occupant et dénoncent les actions patriotiques de la Résistance sous toutes ses formes. Les Français ont le choix entre la collaboration avec l'ennemi ou la Résistance qui peu à peu s'organise.

Mais la très grande majorité, résignée et soumise aux privations, attend la suite des événements pour se déterminer. Le pays, mis en coupe réglée par l'occupant, connaît des souffrances tant matérielles que morales. Le ravitaillement est compromis : les villes et les régions d'agriculture spécialisée subissent de graves restrictions alimentaires, tandis que les campagnes où règne la polyculture les supportent plus aisément.

Dans les classes populaires, le niveau de carence atteint met en péril la santé des individus. Rationnées, la plupart des denrées sont distribuées contre des « tickets » ; les cartes de rationnement sont attribuées mensuellement par les services municipaux, en tenant compte de l'âge et des activités des gens. Parallèlement s'instaure le trafic de marchandises qui échappent ainsi au marché officiel pour entrer dans le « marché noir ».

Progressivement, l'occupation se fait de plus en plus pesante : à l'exploitation économique du pays au profit de l'occupant s'ajoutent les menaces sur les hommes. Laval institue le système de la « relève » (trois travailleurs partent pour l'Allemagne contre un prisonnier libéré : août 1942), puis le Service du travail obligatoire (STO) (février 1943), qui frappe d'abord les chômeurs puis les jeunes gens, envoyés eux aussi en Allemagne, dans les usines d'armement.

À partir du 11 novembre 1942, la zone libre est à son tour occupée par les Allemands, qui ripostent ainsi au débarquement allié en Afrique du Nord. Sur tout le territoire national sont désormais pourchassés – outre les résistants – les travailleurs soumis au STO et qui tentent d'y échapper, ainsi que les Juifs. La Gestapo bénéficie de l'appui de la police française : ainsi, le 16 juillet 1942, 28 000 Juifs avaient déjà été parqués dans le Vél' d'Hiv' à Paris pour gagner ensuite les camps d'extermination nazis (→ rafle du Vél' d'Hiv'). À cela s'ajoute le risque pour tout un chacun d'être pris dans une rafle comme otage, en représailles d'une action de la Résistance.

L'aube de l'été 1944, c'est une population fatiguée par les privations, exaspérée par le poids de l'Occupation, qui suit avec passion, à la radio, les progrès des offensives alliées et le recul des troupes de l'Axe. L'espoir renaît et fait place à l'enthousiasme lorsque est connu le débarquement de Normandie (6 juin 1944). L'Occupation va prendre fin ; il faut songer à reconstruire le pays soumis au pillage pendant quatre années.