Le fils d’un chef de la mafia italienne a provoqué une vague de colère chez les habitants de la ville de Corleone, en Sicile, après avoir écrit un message sur les réseaux sociaux. Cela a été interprété comme une «attaque», ternissant les efforts de la ville pour lutter contre sa réputation liée au crime.

Ce fut l’attaque de trop. Les habitants de la ville sicilienne de Corleone, anciennement dominée par le crime, se sont rebellés face au fils d’un chef de la mafia, «Salvuccio», de son vrai nom Giuseppe Salvatore Riina. Ce dernier a simplement posté le message suivant sur les réseaux sociaux à l’occasion du Ferragosto, une fête nationale très appréciée dans le pays : «joyeuses fêtes à vous tous depuis Via Scorsone 24, Corleone, Italie», selon le média local ilSicilia.it.

Jusqu’ici rien d’anormal, mais pas pour les habitants qui ont pris ce message comme une énième provocation. La raison ? L’adresse indiquée sur ce post, faisant référence au domicile de la famille Riina durant des années, mais dont le nom a été modifié en 2018 en «Via Terranova». Un hommage au juge anti-mafia Cesare Terranova, abattu en 1979 dans une embuscade du chef de la mafia de Corleone, Luciano Leggio

Pour Walter Rà, maire de Corleone depuis le mois de juin, il s’agit d’un message «lâche», réaffirmant ainsi que la ville, utilisée dans le livre et la trilogie Le Parrain, a laissé son histoire sombre derrière elle et ne céderait pas à l’intimidation.

Un passif difficile à effacer

En effet, entre les années 1970 et 2000, le clan des Corleonesi a régné sur la ville, marquant une nouvelle ère dans l’histoire de la mafia sicilienne. Après avoir semé la terreur durant plusieurs décennies, c’est finalement à la suite de l’arrestation de Provenzano, commandant du clan, le 11 avril 2006 qui a mis un terme au pouvoir des Corleonesi.

Depuis, la ville a tout mis en œuvre pour tenter de redorer son image et de faire oublier son passif lié au crime. Les dirigeants actuels ont déclaré sous le post de Salvuccio Riina, que malgré le fait de ne pas souhaiter donner de visibilité «à ceux qui le cherchent périodiquement», ils se distancent «fermement de telles déclarations» et condamnent «une telle bravade», qui ressemblerait pour eux à «une attaque vile contre l’État et les institutions».

Totò Riina, le père de Salvuccio, décédé en prison en 2017, aurait commandité plus de 150 meurtres, dont celui d’un jeune garçon de 13 ans, qui aurait été dissous dans de l’acide, a rappelé le journal britannique, The Guardian.