Appuyée par une alliance stratégique avec le leader chinois LONGi et bénéficiant des conditions climatiques exceptionnelles du Sahara, l’Algérie intensifie sa mue énergétique. Un vaste programme visant à installer 15 000 mégawatts d’énergie solaire d’ici 2035 ambitionne de repositionner le pays, historiquement dépendant des hydrocarbures, en acteur majeur de l’électricité verte, aussi bien vers le continent africain que vers l’Europe. Une transformation susceptible de générer d’importants bénéfices économiques, notamment pour les régions sahariennes.
En moins de trois années, le pays est passé du statut de producteur fossile dominant à celui d’aspirant champion du solaire. Illustration frappante de cette mutation : les discussions tenues cette semaine à Alger entre les autorités nationales et LONGi, numéro un mondial du photovoltaïque, en vue de l’implantation d’une giga-usine de panneaux solaires dans le sud algérien.
Cette structure industrielle, orientée vers la fabrication locale et l’exportation, s’inscrit dans un plan gouvernemental ambitieux : atteindre 15 GW de puissance installée d’ici 2035. Déjà, 3 200 MW sont en phase de déploiement à travers treize wilayas, preuve tangible de l’accélération en cours.
Pourquoi LONGi mise sur l’Algérie
Le choix du géant chinois repose sur plusieurs facteurs. Lors d’une rencontre organisée le 22 avril à l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), la délégation chinoise a mis en lumière les avantages comparatifs du pays : un climat propice aux affaires et une position géographique stratégique, en lisière de l’Europe.
LONGi envisage de transformer le futur complexe saharien en un centre névralgique régional, apte à desservir les marchés africains et méditerranéens en matériel solaire de haute efficacité, tout en assurant un transfert technologique significatif vers les ingénieurs locaux.
Retombées économiques et sociales immédiates
Création d’emplois qualifiés : Plusieurs milliers de postes directs et indirects sont anticipés dans les domaines de l’assemblage, de la logistique et de la maintenance.
Montée en compétences : Des collaborations académiques sont en cours de conception avec les universités de Béchar, Ouargla et Boumerdès, afin de former des techniciens certifiés en énergie solaire intelligente et stockage par batteries.
Réduction de la dépendance énergétique : À terme, la production nationale devrait permettre de diminuer de 20 % les importations de matériel photovoltaïque, tout en libérant du gaz naturel pour l’exportation.
Vers un pôle solaire de classe mondiale
Avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an, le Sahara algérien figure parmi les régions les plus irradiées de la planète. Cette ressource solaire hors norme, alliée à des zones désertiques vastes et faiblement habitées, permet de construire d’immenses centrales solaires sans empiéter sur les terres agricoles fertiles du Nord.
Le projet porté par LONGi s’inscrit dans une stratégie en trois étapes, avec un objectif clé : connecter le réseau algérien à l’Europe à l’horizon 2035. Une ligne à haute tension en courant continu (HVDC) entre Alger et Rome, actuellement à l’étude, ouvrirait la voie à l’exportation d’électricité décarbonée vers l’Italie et l’Espagne, renforçant la sécurité énergétique européenne et diversifiant les sources de revenus de l’Algérie.
Le tourisme saharien en pleine mutation verte
La dynamique de transition profite également à l’écotourisme. Le Grand Sud, qui a accueilli 22 700 visiteurs internationaux au premier trimestre 2024/2025, capitalise sur sa nouvelle image durable : bivouacs alimentés par le solaire, écolodges autosuffisants, et circuits écologiques en 4×4 électriques séduisent une clientèle internationale sensible aux enjeux climatiques.
Un avenir énergétique aux couleurs du soleil
À l’heure où la communauté internationale recherche des alternatives viables face à la crise climatique, l’Algérie montre qu’un pays à forte tradition pétrolière peut aussi s’imposer comme pionnier des énergies propres. La première unité de production LONGi devrait être opérationnelle dès 2026, avec une livraison de panneaux solaires prévue dès l’année suivante. Une progression fulgurante, qui transformera progressivement le désert algérien en une "mer de silicium" au service d’un futur énergétique partagé.
Trois données clés :
3 000 h/an : Ensoleillement moyen dans le Sahara
15 000 MW : Objectif de puissance solaire installée d’ici 2035
22 700 touristes étrangers dans le Sud au 1er trimestre 2024/25, stimulés par l’image écoresponsable du pays
« Notre ambition est limpide : faire briller le soleil algérien bien au-delà de nos frontières », a résumé le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, à l’issue des discussions avec LONGi.