L’Algérie voit ses productions artisanales de consommation courante, notamment les produits liquides comme l’huile d’olive, prendre progressivement de la valeur et gagner en sophistication. Ces denrées connaissent une montée en puissance industrielle, portée par leur aptitude exceptionnelle à obtenir, grâce à des certifications, une reconnaissance conforme aux standards du commerce international. C’est ce que soutiennent divers analystes du secteur, à l’image de Daniel Dellemann, qui met également en avant l’émergence d’autres huiles végétales comme celle de tournesol. Sur cette dernière, les autorités misent fortement, en déployant des aides financières destinées à dynamiser sa fabrication locale.

 

Il ne s’agit là que d’un exemple révélateur du potentiel colossal que recèle l’écosystème agro-industriel national, en particulier dans le segment des boissons et des produits alimentaires liquides. Cette dynamique s’inscrit dans la perspective du prestigieux salon Drinktec, vitrine mondiale de l’industrie des boissons, prévu à Munich du 15 au 19 septembre prochain.

 

Dans un contexte économique global et domestique en pleine expansion, l’Algérie se retrouve confrontée à l’obligation de proposer ses propres réponses aux défis contemporains, notamment ceux relatifs à l’environnement, au recyclage ou encore à l’emballage.

 

La demande planétaire en équipements et en machines nécessaires aux chaînes de transformation dans le domaine des boissons continue de progresser. Le Moyen-Orient et les nations africaines emboîtent le pas à cette dynamique. Par ailleurs, les opportunités d’investissements dans ce domaine en pleine effervescence attirent de plus en plus l’attention des acteurs internationaux vers le marché algérien.

 

Le Maghreb, en particulier l’Afrique du Nord, est perçu comme un point d’accès stratégique aux exportations de machines en provenance du continent européen. L’Algérie, en tant que plus vaste nation d’Afrique, dispose d’un avantage géographique décisif, faisant d’elle une passerelle idéale entre l’Europe et l’Afrique, ce qui accroît son attractivité à l’échelle internationale.

 

Dans ce contexte, une conférence de presse s’est tenue à Alger, organisée par la VDMA (Association des constructeurs de machines et équipements). Cet événement a permis de dresser un état des lieux complet des perspectives du commerce mondial dans le secteur des équipements industriels, d’analyser les courants de consommation régionaux dans le domaine des boissons, et de présenter les innovations majeures attendues lors de la prochaine édition de Drinktec, à Munich.

 

Les experts présents ont ainsi souligné que l’Algérie, dans sa volonté de restructurer son modèle économique, considère l’agro-industrie comme un levier essentiel. Il devient donc impératif pour le pays de ne pas rester en retrait des transformations majeures de ce secteur, où les capitaux injectés dans la recherche, l’innovation et les technologies visent une meilleure performance opérationnelle, une souplesse accrue et une durabilité renforcée des processus de fabrication et de conditionnement. Cette orientation se traduit par une croissance continue de la demande en matériel industriel.

 

L’Europe reste, à ce jour, le marché principal pour les dispositifs de transformation et d’emballage alimentaires, détenant une part de 41% du volume mondial. L’Asie arrive en deuxième position avec 19%, suivie de très près par l’Amérique du Nord avec 18%. Ensuite viennent le Moyen-Orient et le continent africain (10%), l’Amérique latine (9%) puis l’Australie et l’Océanie avec 3%.

 

Les exportations de matériel destiné à l’industrie agroalimentaire et au conditionnement vers l’Algérie ont atteint leur sommet historique en 2015, totalisant 523 millions d’euros. Cependant, cette valeur a été réduite de moitié en 2021, à la suite de la crise sanitaire liée à la Covid-19, chutant à 214 millions d’euros.

 

Partant de cette base affaiblie, les expéditions de matériel ont repris de manière soutenue, atteignant près de 300 millions d’euros en 2023, soit une hausse notable de 26% par rapport à 2022.

 

Sur cette même année, l’Italie a conservé sa position de leader parmi les fournisseurs de l’Algérie avec un volume de 109 millions d’euros (soit 38% du marché), suivie de la Turquie avec 49 millions et de la Chine avec 40 millions d’euros. L’Allemagne, quant à elle, s’est classée cinquième avec un chiffre de 33 millions d’euros (12% de part de marché), juste derrière la France.

 

Les prévisions établies par la VDMA tablent sur une poursuite de cette tendance favorable en 2024, avec des exportations vers le marché algérien qui devraient franchir le seuil des 415 millions d’euros.